La balle en attendant les cannes
Photo DNA Franck KOBI Photographe / Haguenau Port : 06.81.38.09.98 Membre de la corporation des Photographes d'Alsace
Tharcisse Zimmer, bâtisseur dans l’âme, veut aider le FC Schweighouse qui occupe actuellement la troisième place de son championnat à s’extirper de la D1 et revenir vers un niveau plus conforme à son rang.
Si c’est le bling-bling et le côté frime qui vous attire ce n’est pas à la porte de Tharcisse Zimmer qu’il faut aller sonner. Celui qui est aujourd’hui âgé de 50 ans ne rêve ni de gloire, ni de popularité. Lui, son truc ça serait plutôt d’affûter ses gaules et d’aller tranquillement à la pêche.
Mais alors comment se fait-il qu’il reprenne à chaque fois du service pour revenir vers les pelouses ? « Ma femme Manouche tout comme Morgane et Manon, mes deux filles me disent qu’il faut que je fasse quelque chose éclaircit-il. Ce sont elles qui me poussent à chaque fois. »
Le cadre bancaire qui n’a commencé le foot en club qu’à l’âge de 14 ans a rapidement pris du galon à Gundershoffen jusqu’à en être le capitaine lors de la finale de coupe d’Alsace alors qu’il n’a que 20 ans. Lors de cette rencontre le capitaine adverse n’était autre qu’un certain Jacky Duguépéroux qui évoluait alors au grand Vauban de l’époque. Il passe une quinzaine d’années dans ce club en jouant « quelques saisons en DH et le reste juste en-dessous » avant de raccrocher les crampons dès l’âge de 34 ans. Comme tous les joueurs qui ont la fibre éducative, il se laisse tenter par les bancs de touche en commençant par des équipes de jeunes avant de prendre du service en équipe réserve de Gundershoffen. «Si tu es un peu bâtisseur dans l’âme, une équipe réserve ça ne peut pas te convenir » précise néanmoins celui qui va rapidement prendre en charge des équipes fanions. Il passe ainsi quelques « très belles années » à Mietesheim, avant de reprendre du service à Gundershoffen en Excellence. «C’est difficile d’être prophète en son pays » explique-t-il à ce sujet, et après un break, c’est Offwiller qui réussira à le convaincre de reprendre sa tenue de coach qui n’est jamais un survêtement. Encore une fois, il s’installe pour un cycle de quelques saisons, et encore une fois il prend beaucoup de plaisir avec à la clef un titre de champion d’Alsace de D2 et la seule coupe de Dietrich remportée par ce club. En finale, ça sera une victoire contre Gundershoffen –une vieille connaissance – la boucle étant bouclée, Tharcisse Ziemmer prend encore un fois ses distances avec les vertes pelouses.
Il y deux ans, c’est finalement le FC Schweighouse qui va réussir à sortir notre coach de sa léthargie footballistique avec un nouveau challenge, celui de redonner un peu de son lustre d’antan au FCS. Bâtir, construire, remonter la pente, rien de plus tentant pour cet indéfectible fan du Barca qui a trouvé à Schweighouse tout ce qu’il faut pour aller de l’avant. «Ici, il n’y a par énormément de dirigeants, mais il y a des gens de très grande qualité humaine et de grande connaissance sportive explique-t-il ainsi. J’ai la chance d’avoir des dirigeants qui laissent le temps, ils ont compris qu’il ne faut pas d’éphémère mais qu’il faut construire sur du solide. »
Cette saison, rien n’est perdu, mais dans son groupe de D1 où il y a beaucoup de prétendants, Schweighouse va avoir du mal à rattraper son retard sur Lupstein et Val de Moder qui mènent grand train. Quoi qu’il arrive en tout cas, Tharcisse Zimmer sera encore présent la saison prochaine pour continuer un cycle qui, pour lui ne doit jamais dépasser quatre ou cinq saisons. « Il ne faut surtout pas s’incruster, estime-t-il. Au bout d’un moment, il faut du sang neuf, d’autres discours et d’autres méthodes. »
Après ça, l’objectif premier pour lui sera de gouter une retraite sportive bien méritée mais pas sûr que son épouse ne l’entende de cette oreille « j’aime bien lire et j’adore la pêche mais j’ai une femme qui a horreur de la pêche » rigole-t-il. Alors rien ne dit qu’il ne replongera pas encore une fois vers la balle, en attendant les cannes…
LAURENT HICKEL (c) DNA